Au cœur du vaste parc de la propriété Caillebotte, dans l’Orangerie baignée de lumière, un souffle discret s’élève. C’est là, à l’endroit même où Gustave Caillebotte posait son chevalet, qu’Evi Keller installe ses œuvres. Des peintures profondes. Des images en tension. Une lumière qui ne brille pas — mais qui veille. Depuis plus de vingt ans, l’artiste travaille au plus près de la matière. Une matière qu’elle blesse, qu’elle strie, qu’elle superpose. Elle y cherche la lumière. Pas celle du plein jour. Plutôt une clarté intérieure, enfouie, arrachée à l’obscur. Une sorte de soleil dans la nuit.

Ses peintures vibrent d’un bleu dense, parfois noir, parfois argenté. On y perçoit un battement. Un rythme lent. Comme si la toile respirait. La lumière ne tombe pas sur l’œuvre : elle vient de l’intérieur. Ce n’est plus une peinture, c’est une présence. En regard, une série de photographies. Noir et blanc presque sépia. Là encore, pas de capture. Plutôt un prolongement. Les images sont issues de ses propres matières, comme si le geste se poursuivait dans une autre langue. Vers la lumière, dit le titre — mais à voix basse. Tout se joue dans l’invisible, dans le frémissement, dans ce que l’image ne montre pas.

L’ensemble compose un dialogue. Entre peinture et photographie. Entre matière et souffle. Entre le lieu et ce qui s’y déploie. L’Orangerie devient un seuil. Un abri. Et ce qui se passe ici n’a pas besoin de mots. Il suffit de rester. De ralentir. De regarder autrement.

MAISON CAILLEBOTTE - L’ORANGERIE
Du 17 mai au 31 août 2025
8 rue du Concy, 91330 Yerres (RER D)
Du mar. au dim. 14h-18h30, fermé le lun.
Entrée libre