Des corps flottants. Des visages à demi effacés. Une fillette au regard perdu, un cheval immobile, une silhouette sans âge dans un champ de brume. Boris Zaborov ne peint pas le passé. Il peint ce qu’il en reste. À Yerres, la Maison Caillebotte réunit pour la première fois en France un ensemble majeur de ses œuvres, traversant quarante années de création. Huiles, dessins, estampes, sculptures prolongent ce même besoin de faire tenir l’image, malgré l’effacement. Né en 1935 à Minsk, formé dans les académies soviétiques, Zaborov arrive à Paris au début des années 1980. Ses premières toiles, inspirées d’albums de famille, donnent le ton : personnages issus d’un monde disparu, peints à grande échelle, flous, raturés, parfois rayés comme une mémoire trop fragile. La matière est sobre, tendue. La palette retient les couleurs. Le silence domine. Le parcours installe ces figures dans un dialogue d’échos : visages en négatif, silhouettes répétées, regards absents. Le spectateur ne regarde pas les œuvres. Il les cherche. Et peu à peu, une émotion précise surgit. Pas celle de la nostalgie. Celle d’une présence retardée, que la peinture parvient, malgré tout, à faire revenir.

Découvreur précoce, Caillebotte fut l’un des premiers à soutenir les impressionnistes, bien avant qu’ils ne soient reconnus. En accueillant Boris Zaborov, sa maison affirme à nouveau ce rôle de révélateur : offrir à une œuvre trop rarement montrée un regard neuf, exigeant, à l’écoute de sa densité.

Autour de l’expo

MAISON CAILLEBOTTE - FERME ORNÉE
Du 17 mai au 21 septembre 2025
8 rue du Concy, 91330 Yerres (RER D)
Du mar. au dim. 14h-18h30, fermé le lun.
Tarif : 12 € - TR : 8 € - Gratuit -18 ans